Nouveau projet de recherche: Les élections comme mécanisme de liaison entre l'opinion publique et les décisions politiques, une analyse longitudinale et comparative

Le conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a annoncé les résultats du concours de février 2017 pour son programme Développement savoir. L'un des projets subventionnés est le projet 'Les élections comme mécanisme de liaison entre l'opinion publique et les décisions politiques', qui sera dirigé par Ruth Dassonneville.

 

Résumé du projet de recherche

Il semble y avoir un consensus croissant d’après lequel la démocratie électorale serait en crise et voulant également que les citoyens prendraient leur distance par rapport aux partis politiques. L’une des principales sources identifiées par les chercheurs concernent cette prétendue crise est l’affaiblissement de la réactivité des partis envers les demandes émanant du public. Autrement dit, on affirme que les formations politiques ne sont désormais plus à l’écoute de la société et que les politiques mises en œuvre par les gouvernements au sein des démocraties établies ne correspondent ainsi guère aux revendications des citoyens. On suppose donc que la démocratie est en état de crise parce que le processus électoral ne constituerait plus un mécanisme efficace pour faire le pont entre les requêtes des citoyens et les décideurs politiques.

Cependant, les preuves empiriques qui étayent cette hypothèse sont éparses et ne parviennent pas réellement à établir un lien entre le déclin de la réactivité des partis politiques dans les démocraties électorales et l’état de crise que traverserait actuellement la démocratie. Trois explications peuvent être mises de l’avant afin de mieux comprendre l’absence de résultats probants à ce sujet. Tout d’abord, un certain nombre d’informations importantes concernant le rôle que jouent les élections comme mécanisme rendant possible la représentation nous échappent toujours. Ensuite, il n’y a pratiquement aucune preuve empirique qui démontre que la réactivité connaît un déclin dans les démocraties établies. Enfin, il n’existe aucune recherche longitudinale sur le lien entre la réactivité des partis et le comportement des citoyens ou qui traite des attitudes de ces derniers à l’égard de la démocratie.

Ce projet de recherche vise à combler ces lacunes de la littérature. Pour ce faire, nous prévoyons récolter des données comparatives à travers le temps et l’espace sur l’opinion publique et le positionnement idéologiques gauche-droite des partis au pouvoir. Ces données seront associées à des renseignements sur les dépenses sociales dans plus de 30 pays de l’OCDE. La découverte d’une corrélation entre les attitudes gauche-droite et des niveaux plus élevés de dépenses sociales indiquerait la présence de réactivité de la part des gouvernements vis-à-vis des demandes du public. Ces données seront tirées de diverses sources, harmonisées et combinées dans une seule base de données qui sera rendue disponible au reste de la communauté scientifique. Par la suite, trois questions de recherche seront abordées en appliquant les méthodes statistiques appropriées afin tenir compte des problèmes d’autocorrélation et d’hétérogénéité au niveau des États dans les données recueillies. Premièrement, ce projet de recherche va permettre de déterminer quel rôle jouent les élections dans l’établissement du lien entre opinion publique et décisions politiques. Deuxièmement, l’approche longitudinale permettra de vérifier si la réactivité des partis a effectivement diminué comme plusieurs le soutiennent actuellement. Troisièmement, nous chercherons à savoir si un manque de réactivité de la part des formations politiques contribue à abaisser les niveaux de satisfaction envers la démocratie.

Ce contenu a été mis à jour le 12 juin 2017 à 18 h 48 min.

Commentaires

Laisser un commentaire